Les premiers éléments relatifs à la famille RENAULT apparaissent dans les registres paroissiaux de La Malhoure dès 1623, 91 ans seulement après le rattachement du Duché de Bretagne au Royaume de France. Le 11 mars de cette année-là naît Charle RENAULT, fils d’Eustache RENAULT et de Catherine LE MICHELLE [1].
Il n’est cependant pas encore établi à ce jour qu’Eustache RENAULT et sa femme soient nos premiers ancêtres [2]. Par ailleurs, l’absence de tout registre de catholicité de la paroisse de La Malhoure avant 1620 compromet toute nouvelle avancée dans le temps, mais devrait permettre, malgré certaines lacunes dans les archives, d’établir un lien éventuel avec François RENAULT.
François RENAULT et sa femme Jehanne THOMAS constituent le premier couple identifié dont nous descendons de façon certaine.
On ne possède encore que peu de détails les concernant. Ils se sont mariés à La Malhoure le 3 novembre 1695 [3]. On peut en déduire qu’ils sont nés vers 1670, mais aucun acte ne l’atteste actuellement.
Un François RENAULT, âgé d’environ quarante ans, décède de maladie naturelle puis est enterré en l’église de La Malhoure le 25 juin 1703 [4].
Parmi leurs nombreux enfants, citons Jacquemine, baptisée le 25 février 1704 [5], et Mathurin RENAULT dont nous descendons.
Rattaché depuis 1532 au Royaume de France, le duché est devenu province. Il a perdu son indépendance mais jouit d’un statut autonome, qui s’appuie notamment sur un Parlement (les Etats de Bretagne) siégeant à Rennes, votant l’impôt et veillant au respect des libertés de la province prévues dans le traité d’union. A côté du Parlement, un gouverneur représente le roi. La « cohabitation » de cette assemblée souveraine et du représentant central ne sera pas de tout repos.
Au moment de la naissance de François Renaud, la Bretagne est traversée par la révolte dite du « papier timbré » qui se déclenche en 1675. En réaction à la décision de Colbert d’imposer le papier-timbré au prix de 1 sol la feuille pour tous les actes authentiques et judiciaires - décision qui n’a pas été soumise au vote préalable, pourtant obligatoire, du parlement de Bretagne - les troubles qui avaient débuté en Aquitaine pour la même raison gagnent rapidement Rennes, Nantes, Vannes, Guingamp, Dinan puis Lamballe, à deux lieues de La Malhoure. Puis c’est en Basse-Bretagne que la révolte se propagera, aggravée par une rumeur d’imposition d’une gabelle qui n’existait pas dans la province. Sous l’égide de Sébastien Le Balp et des « Bonnets Rouges », elle prendra une tournure violemment anti-nobiliaire avec des incendies de châteaux et la rédaction sur quatorze paroisses d’un Code Paysan qui préfigurera ce que seront, dans plus d’un siècle, les cahiers de doléances [6].
La répression de Colbert, en Basse-Bretagne, sera particulièrement dure. Des paysans seront pendus par centaines, les principaux meneurs étant exécutés publiquement sans aucun procès. 20 000 dragons stationnent dans la province en commettant de nombreuses et graves exactions (vols, viols, destruction de biens)[7], et le parlement, hostile au roi, est exilé à Vannes. Le duc de Chaulnes, gouverneur de Bretagne, s’émeut auprès du roi Louis XIV de l’extrême sévérité de ces mesures. Il est aussitôt remplacé par son fils, le comte de Toulouse…
Dans le Mené, les évènements n’atteindront pas une telle intensité. Les troubles de Lamballe et de Haute-Bretagne ne donneront pas lieu à une révolte organisée.
[2] Le repérage de ces ancêtres possibles, qui seraient nés vers 1600, date de 2007. Il reste à démontrer leur ascendance avec François RENAULT qui constitue actuellement notre premier ancêtre certifié.
[3] Actes paroissiaux de La Malhoure, mariages, 1695.
[4] Ibid., décès, 1703. Il n’est pas encore établi qu’il s’agisse de notre ancêtre.
[5] Ibid., naissances, 1704.
[6] Cf. PELLETIER Y., Une histoire de la Bretagne, éd.JP Gissrot
[7] Lors des dragonnades, les dragons étaient autorisés à se conduire comme en terrain étranger.