Emile RENAULT (1870-1889)

Des origines familiales rurales.

 

Emile naît au Gouray (Côtes-du-Nord, aujourd'hui Côtes d'Armor) le 21 mai 1870. Il est le cinquième enfant de Joseph RENAULT et Azeline LE BLAIN.

Son enfance se passe dans le village natal et dans la maison familiale, dont le rez-de-chaussée fait office de bureau de tabac, tenu par son père alors âgé de 36 ans.

 

Marin, comme Victor.

 

En 1882, son frère Victor aîné, qui a quatre ans de plus que lui, est engagé volontaire dans les équipages de la flotte alors qu'Emile n'a que 12 ans.

Le modèle du grand frère, qui gagne désormais sa vie en ayant quitté la famille et le village du Gouray, influence alors l'adolescent.

 

C'est ainsi que le 7  octobre 1884, alors qu'il n'a que 14 ans, Emile est admis à son tour à Brest comme simple mousse par la Marine de l'Etat. Il est admis jusqu'en octobre 1886 sur l'Austerlitz qui mouille en rade de Brest et héberge l'école des mousses.

 

A l'issue d'une première période satisfaisante, il est engagé volontaire pour cinq ans en mai 1886 alors qu'il se trouve toujours sur l'Austerlitz. Cette période est suivie en octobre 1886 d'un mois sur le Bretagne.

 

Sa santé fragile anéantit ses espoirs de marin.

 

Mais Emile n'atteindra pas la fin de sa période d'engagement. En raison d'une bronchite chronique "spécifique" il est maintenu à Brest durant près de deux ans, et la commission de réforme le déclare finalement impropre au service le 22 août 1888.

 

Il est congédié le 31 du même mois et versé dans les contingents de réserve.

 

Emile décède quelques mois plus tard, le 12 avril 1889, dans sa maison natale du Gouray, à l'âge de 19 ans.

 

A lire les données de l'autorité de Marine, on serait tenté de croire à une aggravation de sa "bronchite chronique spécifique", expression imprécise à l'époque, englobant diverses pathologies pulmonaires.

 

Mais la mémoire familiale a retenu une autre maladie.

Selon Jean Renault, neveu d'Emile qui tenait cette explication de son père Jean Baptiste, le bateau d'Emile aurait fait escale à St-Louis-du-Sénégal lors de son retour en France. A cette occasion, des "pères blancs", dénomination des religieux français exerçant en Afrique, seraient montés à bord pour rejoindre la métropole alors qu'ils étaient atteints de la fièvre jaune.

 

Emile Renault aurait alors contracté la maladie qui devait l'emporter quelques mois plus tard.

 

Dans tous les cas, le rêve des grands espaces maritimes s'est arrêté rapidement pour cet enfant du Gouray, au contraire de son frère Victor qui poursuivit une carrière de marin à travers les océans, et s'éloigna peu à peu de ses attaches familiales en s'installant finalement à Alger.

 

 

 

Sources :

 

  • Famille : témoignage Jean RENAULT (ca. 1970)
  • Archives départementales des Côtes d'Armor : état-civil La Malhoure, naissances 1870, décès 1889.
  • Service Historique de la Défense, antenne de Brest : 1M 196/57 297

 

Mise en ligne : juin 2023

(c) Jean-Marie Renault, 2008-2023

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