Famille MASTIN : des origines artésiennes et wallonnes.

  • Des origines en Artois.

Les premiers signalements de la famille MASTIN se situent en Artois, aux confins de la Flandre romane, sur un territoire partagé aujourd'hui par les actuels départements du Pas-de-Calais et du Nord.

 

On trouve sa présence dès la seconde moitié du XVIIème siècle dans le pays de Douai (voir cartes ci-dessous), notamment dans les communes actuelles de Courrières-lès-Lens (Pas-de-Calais), Cuincy et Lambres-lez-Douai (Nord).

 

Il s'agit alors d'une province annexée depuis peu au royaume de France par le Traité des Pyrénées (1659) aux dépens du royaume d'Espagne.

 

Trois années seulement après ce nouveau découpage naquit en 1662 Jean François MASTAIN, dont les parents avaient été jusqu'alors sujets espagnols.

 

Les recherches généalogiques sont rendues difficiles avant 1737, année du début de l'obligation de dépôt au greffe des actes paroissiaux de l'Artois.

 

1- Acquisitions territoriales de Louis XIV : l'Artois figure en jaune, sur le flanc occidental des Flandres.
1- Acquisitions territoriales de Louis XIV : l'Artois figure en jaune, sur le flanc occidental des Flandres.
2- Situation globale de l'origine de la famille MASTIN.
2- Situation globale de l'origine de la famille MASTIN.
3- La migration familiale, de Courrières à Cuincy, puis Lambres-lez-Douai et Brest.
3- La migration familiale, de Courrières à Cuincy, puis Lambres-lez-Douai et Brest.
  • La culture et le tissage du lin à Courrières (Pas-de-Calais).

 

En ce jour de 1706, Jean François MASTAIN  (1662-1750) se rend auprès du curé de la paroisse de Courrières (en Artois, dans le futur département du Pas-de-Calais) pour lui déclarer la naissance de son fils Pierre Antoine.

 

Marié à Marie Marguerite LELOIR (1667-1737), Jean François exerce à Courrières la profession de tisserand.

 

Le territoire de cette paroisse se situe entre les villes de Lens et de Douai.

Il est alors entièrement rural et presque exclusivement agricole. Courrières voit en 1692 l'arrivée de la culture du lin. 

 

Cette nouvelle culture va peu à peu orienter l'activité économique de la région, en étant à l'origine d'une partie importante du développement industriel à venir du Nord et du Pas-de-Calais.

 

Le profil économique agricole de Courrières évoluera profondément à partir de 1852, date à laquelle furent autorisées les premières concessions minières à l'origine de la révolution industrielle de cette région.

 

C'est à Courrières que Jean François et Marie Marguerite passeront toute leur vie et qu'ils décèderont.

 

 

  • Trois générations de travailleurs agricoles à Cuincy (Nord).

 

 

1- Pierre Antoine (1703-1777) est dénommé MASTAIN, à une époque où la graphie des noms de famille n'est pas parfaitement stabilisée.

 

Né et élevé à Courrières, c'est au village de Cuincy, à quelques kilomètres de sa paroisse natale, qu'il va s'installer comme manouvrier.

Ce terme, proche de nos "journaliers", qualifie alors les travailleurs agricoles n'ayant pas de ferme en charge et vivant au jour le jour du revenu que leur procure leur aide auprès des paysans installés.

 

Il se marie à Marie Bernadine TULLIé (ou TOUILLé). Le couple aura au moins trois enfants : Balthazard (dont nous descendons, 1731-1806), Hubert Joseph (1733-1787) et Pierre Michel (1738-1812).

 

C'est à Cuincy que décède Pierre Antoine MASTAIN, le 8 avril 1777.

 

 

2- Né en 1731 au village de Cuincy, Balthazar MASTAIN y passera toute sa vie et y exercera comme son père le métier de journalier.

 

Il se marie en 1753 à Douai avec Jeanne Françoise FOURNIER. Le couple aura plusieurs enfants, dont Joachim MASTAIN.

Au décès de Jeanne FOURNIER, Balthazar se remarie en 1767 à Cuincy avec Marie Brigitte HOYOIS. 

 

De nouveau veuf, il se remarie le 8 octobre 1776 à Cuincy avec Pétronille GUILBERT, veuve de Pierre François PETIT et dont elle a eu au moins un enfant, Marie Emerentienne PETIT.

 

Balthazar décède à Cuincy le 10 septembre 1806, à l'âge de 75 ans.

 

 

3- Comme ses parents, Joachim MASTAIN passe toute sa vie à Cuincy. Il y nait en 1763 et y décède en 1809.

 

Il y exerce également le métier de journalier.

 

Joachim a 13 ans lorsque son père Balthazar se remarie à Pétronille GUILBERT. Il fait alors la connaissance de Marie Emerentienne PETIT (1762-1812), fille de Pétronille et de Pierre PETIT, et qui a un an de moins que lui.

 

Les deux adolescents grandissent ensemble avec leurs parents respectifs dans leur domicile de Cuincy.

C'est dans cette paroisse que, devenus adultes, ils se marient le 20 janvier 1784.

 

Le couple aura au moins six enfants, dont Adolphe, dont nous descendons, né le 16 avril 1809 quelques mois seulement avant le décès de son père.

 

Joachim décède en 1809, à, l'âge de 46 ans. Sa commune natale compte  685 habitants en 1806.

 

 

  • L'émergence de l'industrie et l'ascension sociale.

 

Si Adolphe MASTIN naît à Cuincy, village natal de ses ancêtres, il va cependant déménager et rompre avec l'activité traditionnelle modeste de journalier.

 

Adolphe habite à Lambres-lez-Douai et se marie à deux reprises : en 1838 à Catherine CHEVALIER (1806-1848), puis en 1872 à Adélaïde CHEVALIER alors qu'il est en retraite.

 

Catherine CHEVALIER est issue d'une famille installée à Esquerchin, commune voisine de celle de Cuincy, dans les faubourgs de Douai.

Si son père, Ambroise CHEVALIER, est lui-même natif de cette commune, en revanche sa mère Jeanne Joseph BASTAIN est originaire de Villers-Deux-Eglises (en wallon : Vilé-l'Djobin), commune annexe de celle de Cerfontaine située dans le département français des Ardennes lors de son mariage en 1796, mais qui se situait encore dans les Pays-Bas Autrichiens lors de sa naissance vers 1775.

 

La frontière a en effet fortement évolué en fonction des aléas politiques de l'époque.

Décrétés en 1795 "pays réunis à la France" par la Convention, à la suite de la victoire française de Fleurus en 1793, les Pays-Bas Autrichiens formeront 9 départements français.

Villers-Deux-Eglises se situe dans un département des Ardennes alors plus vaste que le département français actuel.

Tous ces départements seront restitués aux Pays-Bas en 1815 à la suite de la défaite de Napoléon, puis formeront l'actuelle Belgique à partir de 1830.

 

C'est ainsi que, par ascendance directe, la généalogie familiale s'élargit à des territoires situés aujourd'hui en Wallonie.

 

 

 

 

De son premier mariage, Adolphe a plusieurs enfants dont Adolphe Joseph en 1839.

 

Mentionné d'abord comme maçon, il est ultérieurement cité comme fondeur.

Son ascension sociale le conduit à exercer au service de l'Etat la fonction de maître-ouvrier à la Fonderie Impériale de canons de Douai. Il habite alors Lambres-lez-Douai.

Gravure représentant la sortie d'un canon à la Fonderie Impériale de Douai.

Outre un revenu supérieur et régulier par rapport à celui de ses ancêtres, l'activité d'Adolphe MASTIN lui ouvre droit à une retraite, avantage inédit dans l'histoire familiale, qu'il touchera à partir du 19 janvier 1863, ainsi qu'en témoigne l'extrait ci-dessous du Bulletin des Lois de l'Empire Français en date du 1er janvier 1863.

Extrait du Bulletin des Lois de l'Empire Français,

1er janvier 1863, pp. 1180-1181.

Mais avec son fils Adolphe Joseph MASTIN né en 1839 à Lambres-lez-Douai, la saga familiale va poursuivre sa carrière au service de l'Etat dans une région très différente du territoire du Nord.

 

 

(A suivre : de Douai à Brest)

 

Mise en ligne : mars 2022

Dernière mise à jour : août 2022

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