Après 40 ans de vie commune, une fin soudaine

Repères géographiques : Hénin-Liétard et Douai (cliquer pour agrandir)

Source : {BnF - Gallica

Repères généalogiques :

RENAULT > LE BAILL > MORLAIS > MASTIN > CHEVALIER

 

 

Nous sommes à Hénin-Liétard (Artois), au début des années 1770. Ce lieu, correspondant à la paroisse de St-Martin, deviendra commune à la Révolution et fusionnera avec sa voisine Beaumont en 1971 pour constituer l'actuelle commune de Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais).

 

Avant le XIXème siècle et la révolution industrielle, le territoire de Hénin-Liétard est principalement agricole. Nos ancêtres qui y vivent alors sont "manouvriers" et aident, contre une modeste rémunération, aux travaux des champs.

 

Tel est le cas de la famille CHEVALIER, ancrée depuis longtemps sur les terres d'Artois. Ses descendants se déplaceront un peu vers l'est, vers Esquerchin et Douai. En 1838, Catherine CHEVALIER épousera Adolphe MASTIN à Lambres-lez-Douai. Sa descendance émigrera plus tard à Brest et s'unira à la famille MORLAIS, puis LE BAILL.

 

Revenons à Hénin-Liétard, où vivent Bonaventure CHEVALIER et Jeanne BUQUET qui se sont mariés vers 1732.

 

Ce couple d'ancêtres a eu au moins 9 enfants, dont les naissances s'échelonnent de 1733 à 1753. Durant 20 années, Jeanne enfantera ainsi tous les deux ans. Ses grossesses successives, auxquelles s'ajoutent les tâches domestiques quotidiennes et les travaux extérieurs épuisants, affaibliront peu à peu son organisme.

 

Le 15 janvier 1772, Jeanne BUQUET décède à son domicile de Hénin-Liétard alors qu'elle n'a que 61 ans. Bien que l'acte paroissial de St-Martin n'indique pas la cause du décès, il est cependant possible de faire quelques hypothèses.

 

 

Acte de décès de Jeanne BUQUET, le 15 janvier 1772 à Hénin-Liétard.

Source : archives départementales du Pas-de-Calais.

 

Son mari Bonaventure CHEVALIER décède en effet très peu de temps après elle, le 25 janvier 1772 à l'âge de 60 ans. Une telle proximité peut laisser penser que les deux décès sont liés par une même cause, accident collectif ou maladie infectieuse.

 

Acte de décès de Bonaventure CHEVALIER, le 25 janvier 1772

à l'Hôtel-Dieu de Douai.

Source : archives départementales du Nord.

 

Cette dernière hypothèse se renforce, lorsque l'on découvre que Bonaventure n'est pas décédé à son domicile, mais qu'il a été acheminé à l'Hôtel-Dieu de Douai, à 4 lieues (16 km), avant d'y décéder. Peut-être les archives de cet établissement pourront-elles un jour nous en dire davantage.

 

Parmi les pathologies hautement infectieuses, il en est alors une qui règne de façon absolue sur les populations d'Europe. La tuberculose maintient sa présence endémique depuis des siècles et touche en priorité les personnes de condition modeste, au domicile insalubre et peu éclairé.

 

Sans certitude, il existe une forte probabilité pour que Bonaventure et Jeanne soient ainsi décédés tous les deux de la tuberculose, à 10 jours d'intervalle.

 

Quarante ans de vie commune, au moins neuf enfants, et la mort qui les fauche ensemble...

 

Cette maladie infectieuse touchera encore bon nombre de nos ancêtres jusqu'au début du XXème siècle. Ainsi, la mère et deux sœurs (Marie et Olympe) de notre grand-père Jean Baptiste RENAULT succomberont à leur tour en 1897, 1906 et 1910.

 

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Commentaires: 1
  • #1

    Joelle (vendredi, 31 mars 2023 16:00)

    Tes déductions semblent fort sensées ; reste à les certifier dans un nouveau jeu de piste...

(c) Jean-Marie Renault, 2008-2023

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